Interview alumni : Stéphanie HOUDAILLE, pâtissière.

Découvrez Stéphanie HOUDAILLE, pâtissière passionnée diplômée du CFA Trajectoire en 2022. Dans cette interview, Stéphanie partage avec nous les défis et les réussites de son aventure entrepreneuriale. Elle nous parle de son quotidien, jonglant entre la gestion administrative, la production de pâtisseries et le développement de son entreprise sur le marché des particuliers et des entreprises.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Stéphanie HOUDAILLE, j'ai obtenu mon diplôme de pâtisserie en juin 2022 au CFA Trajectoire. Une fois ma certification en poche, j'ai ouvert mon entreprise dans la foulée, spécialisée dans les biscuits décorés sur mesure. Je fais surtout de la pâtisserie pour des clients particuliers, notamment avec des commandes personnalisées pour des occasions familiales. Actuellement, je commence à me développer sur le marché des entreprises, particulièrement avec une auberge et un traiteur.
Avec combien de personnes travaillez-vous ?
En production, je suis toute seule. Par contre, depuis le mois de juin de l'année dernière, j'ai embauché une assistante administrative en freelance pour m’aider sur la partie prospection. J’ai également une deuxième personne qui s'occupe de la gestion de mes réseaux sociaux, dont principalement Instagram.
Quel est votre quotidien en tant que pâtissière et cheffe d'entreprise ?
Le début de journée est souvent matinal, j'arrive entre 7h et 7h30 à l’atelier. Je commence par toute la partie administrative : trier les mails, faire les projets clients, répondre aux clients… Et ensuite, pour le reste de la journée, je suis en production.
Quelles sont les qualités nécessaires pour être une bonne pâtissière ?
La pâtisserie est un métier passion. Il faut que ce soit une évidence, c'est un métier qui est trop contraignant pour qu'on se lance là-dedans à l'aveugle. Ensuite, il faut être patient et résilient parce que ça ne marche pas toujours du premier coup et c'est parfois un peu long d'apprendre les techniques. Finalement, il faut être curieux, si vous ne l’êtes pas, alors vous ne pourrez pas créer de nouvelles recettes, de nouvelles tendances… Il faut savoir se démarquer dans ce métier !
Pourquoi avez-vous décidé de créer votre propre entreprise ?
J'ai été salariée pendant des années et cela ne me convient pas du tout. Je voulais être indépendante, faire ce que je voulais, quand je voulais, comme je voulais. Je ne touche pas un salaire énorme, mais au moins je fais ce qui me plaît et je fais comme je veux. C'est vraiment en grande partie pour ça que j’ai décidé de créer mon entreprise.
Avez-vous un exemple de challenge que vous rencontrez dans votre métier au quotidien ?
Lorsque j’ai commencé en 2022, le biscuit décoré n'était pratiquement pas connu. J'ai donc commencé par tester mon idée sur les marchés de Noël et je me suis fait dévaliser. Je me rappelle du premier marché de Noël que j'ai fait où le samedi soir à 19h, il me restait 0 biscuit. Je suis rentrée chez moi à 20h, et j'ai travaillé jusqu'à minuit pour glacer des biscuits. J'ai mis toute ma famille à l'emballage et ça a été comme ça pendant la première année. Cette expérience m'a confortée dans l'idée que ça fonctionnait.
L’année suivante, j’ai voulu anticiper en doublant les quantités de 2022 et en ajoutant encore 20 %, certain d’avoir un stock suffisant. Pourtant, à chaque marché de Noël, le scénario était le même : à 15h, plus un seul biscuit ! Le rythme était intense : réveil à 4h, début du travail à 5h, puis des journées non-stop jusqu’à 23h.
C’est donc mon quotidien depuis quelques années, je vais sur les marchés de Noël et je me fais dévaliser ! Il y a un train qui est arrivé, je suis montée dedans et je n'ai rien compris. Et ça a été comme ça toute l'année. Je n'ai fait que subir. J'ai changé de robot pâtissier trois fois dans l'année. J'ai dû agrandir mon local, multiplier la surface par deux. Au moins je ne m’ennuie pas !
Pourquoi souhaitez-vous devenir mentor auprès d’un jeune du CFA ?
Tout d’abord parce que je suis artisan. Et pour moi, une des valeurs fondamentales de l'artisanat, c'est la transmission. C'est inconcevable de ne pas transmettre ce que j'ai appris et ce que je sais. J'ai pu constater que beaucoup d’artisans sont réticents à transmettre leurs connaissances. La mentalité dans le métier est “ je sais des choses et surtout, je ne transmets pas parce qu'on pourrait me voler mes idées, on pourrait faire mieux que moi.” Pour moi, lorsque j'apprends quelque chose, je n'ai pas de problème à le partager. Et c'est important pour moi, justement, qu'il y ait ce partenariat et cette transmission.
En quoi vous semble-t-il important qu’un étudiant soit accompagné ?
Les étudiants ont besoin de soutien. Je me rappelle que quand je suis rentrée en CAP au début de l'année, tous les professeurs nous ont dit « vous allez voir, au mois de mars, vous allez tous avoir un coup de mou, vous allez être fatigués, vous allez décrocher un petit peu. » Je pense que c'est vraiment important d'avoir quelqu'un qui est là pour rebooster, répondre aux questions, soutenir, encourager. Je pense que c'est vraiment quelque chose qui est important, de savoir qu'il y a quelqu'un qui est là en cas de souci ou tout simplement pour discuter et avoir un retour d'expérience.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans la pâtisserie ?
Il faut vraiment être sûr de vouloir faire ce métier car c'est un métier compliqué. Je vois beaucoup de parents pousser leurs enfants à devenir pâtissiers. Mais c'est un métier passion, on ne peut pas faire ce métier si on a été forcé à le faire. C’est pourquoi je conseillerais au jeune d’aller à la rencontre de professionnels pour voir comment ça se passe dans la réalité.